Des images de la veille
le 10 10 2022, A l'heure où les prunelliers sont cet automne, en fruits, en fleurs, en feuilles simultanément.
La nature prend les allures des planches botaniques de Maria Sybilla Merian où l'on peut découvrir tous les stades d'évolution des végétaux représentés dans la même image. Ses observations naturalistes représentait non seulement le végétal dans tous ses stades de croissance mais aussi les insectes associés, eux aussi dans toutes les phases de leur évolution.
Ici les insectes sont absents.
Nocturne au potager, octobre 2022.
Le potager est un lieu de soin et d'observation.
Un lieu de sens où je comprends que nos interdépendances sont des forces au sens défini par Cynthia Fleury dans la motion de philosophie du "care".
Honteuse de l'avoir abandonné à la sécheresse, je n'ose plus y aller le jour. Je profite d'une nuit obscure pour m'y rendre. Je découvre des fruits ; poivrons, tomates. Des fleurs de pissenlit, de gaillarde, de fenouil. Des feuilles nouvelles d'alliaire, de ciboulette ....
Si la photographie est mémoire, elle est aussi témoin. La saisie nocturne et à fortiori au flash, met en lumière les individus et les isole sur fond de nuit.
Je mesure l'adaptation toujours juste aux conditions auxquelles les végétaux sont exposés.
Je prends acte de l'abondance qui s'y trouve en photographiant ce qu'il s'y déploie.
Une photo de la veille,
du 12 avril au 11 mai 2020.
Dans le contexte du confinement, je me suis donné un exercice quotidien qui a consisté à choisir une photo prise la veille, la nommer et la poster sur facebook. Au delà de la prise de vue, cet exercice me permet de me saisir de ce que je retiens du monde et de le partager.
Ma pratique de la prise de vues est quotidienne depuis fort longtemps. Cette pratique nourrit et est partie intégrante de mon travail plastique.
Nous avons été mis en veille ... comme les appareils électriques qui attendent le retour à leur fonctions.
La veille revêt bien des sens:
L'activité de veille en entreprise consiste à collecter des informations stratégiques pour permettre d'anticiper les évolutions et les innovations...pour demain ...
On peut aussi l'entendre plus simplement, le jour d'avant (c'est le cas); Mais aussi ne pas dormir ( photo nocturnes),mais encore, garder ( en image et en mémoire) ; nommer et re-garder ce qui m'environne dans ces conditions inédites, extra-ordinaires qu'est le confinement en terme écologique !
Absence de bruits liés aux déplacements terrestres et céleste, qualité de l'air, qualité de la lumière,..., la nature se rapproche sans plus craindre notre vacarme et notre empoisonnement quotidien.
C'est de ce monde confiné que j'entends ce que j'ai vécu jusque là . Je comprends alors que ma pratique photographique capture ce qu'il me semble absolument nécessaire de voir et de retenir de notre monde.
Je continue de veiller .... Work in progress !
Ci dessous quelques morceaux choisis : portrait d'arbre, de fleur, de talus,vue de ciel, nature morte et d'abondance .... à la lumière du jour ou artificielle de la nuit. La relation des formes et des couleurs, des végétaux, des animaux et du minéral,et des objets. Un regard porté sur le ciel et le paysage fondamentalement. Une histoire de distance juste à trouver pour regarder le monde autour de nous.
Une photo de la veille / Alliaire en fleur, 12/04/2020
Une photo de la veille / Cyprès, Lune et Nuages 05 05 2020
Une photo de la veille / Amandier 08 05 2020
Work in progress /
Végétaux à l'éclairage public ou
Physionomies végétales, portraits d'arbres de fleurs, d'herbes et de mousses*
- depuis 2017
Cette série est composée de photographies prises de nuit à la lumière de l'éclairage public ; Le titre de cette série * est tiré du livre éponyme de Elie Reclus, frère de Elisée Reclus, né en 1827 et mort à Ixelles en 1904; il était journaliste, écrivain, ethnologue, et militant anarchiste français de la fin du XIXe et le porte-voix des ethnies minoritaires. Une photographie environnementale ; J'arpente le bitume et cueille les images du végétal sous l'éclairage public. Je regarde, vois et mesure la place que l'humanité prend; ici par la lumière que nous produisons, comme autan de matière photographique.
Il s'agit donc de saisir ce que la lumière rend visible de ce qu'elle ne cherche pas à éclairer et mesurer ce que nous produisons, pour peut-être ajuster l'impact de la place que nous occupons sur la planète. Ce projet signale les conditions d'existences imposées par l'homme sur l'ensemble de la planète comme condition qui ne peut laisser indemne, ni cette dernière ni la fabrication de l'image. La lumière des réverbères esthétisante, tantôt chaude ou froide, installe le végétal dans un "inquiétante étrangeté". Ce sentiment simultané de familiarité et d'un dérangement. Cette pollution lumineuse surprend les sujets végétaux dans leur expression nocturne ou dans leur adaptation à celle-ci bouleversée. Elle révèle leurs formes au sens physionomique du terme. Michel hadot dirait Isis dévoilée, je lui dirait que ce sont des portraits de plantes au format paysage, et à la lumière de l'anthropocène : Je recueille les visions de l'ère que nous habitons. Mes photographies sont des images à contre nuit . Des images que je ne retouche pas, ni ne recadre. Je cueille en cadrant .
