Les bijoux, 2021-2022.
Des œuvres à porter, ou pas.
Ces pièces sont partie prenante de ma démarche artistique et résonnent avec l'ensemble de mes pratiques, toutes tournées vers l'idée de nature et la relation que nous entretenons avec nous même, et avec le monde aujourd'hui.
Des matériaux pauvre de l'Arte Povera à la noblesse de la matière?
Il s'agit ici non pas de valoriser la pauvreté des matériaux mais bien d'en considérer la valeur.
Ces bijoux sont des vanités au sens germanique du terme et qui les annonce suspendues dans la vie. Ils nous appellent à mesurer le lien qu'entretiennent nos parures avec le monde que nous habitons.
Nous les conserverons en ne les exposant pas aux conditions favorables à leur décomposition. Nous les tenons alors dans une temporalité du cycle des transformations des matières qui est la nôtre, en conscience, comme on le ferait d'un dessin ou d'une estampe. Comme ces dernières ils sont numérotés, sur 365 dans l'ordre de création et par année. Leur production est mesurée à l'échelle de l'individu.
Ces matières sont mises en forme par des gestes immémoriaux qui tressent les fibres animales et végétales, les torsadent, et travaillent le bois manuellement et dans l'expression de ses qualités propres.
Le processus même de leur fabrication garantissent des pratiques éthiques, sociales, environnementales et responsables, dans le respect des droits de l’homme et du vivant. Ils tressent le lien retrouvé.
Rares sont ceux aujourd'hui qui ont accès à ce type de matière, non issues de l'industrie pétrochimique. Se dévoile ici une autre idée du luxe, non pas en ce qu'il a de brillant ou de clinquant, mais dans la matité des tons et des matières ;
La laine Mérinos du GAEC de la Ramade est issue de l'agriculture biologique, et inscrite dans le pastoralisme. Naturelle et durable, la laine est produite en favorisant les circuits courts. Elle est issue d'un troupeau de Mérinos de lignée de l'Est, mené par Nathalie Obrecht et Brice Sigé.
Cette fibre est élaborée dans les paysages des Corbières Audoises, des Pyrénées Orientales et des estives pyrénéennes. Elle est riche des paysages et de la diversité alimentaire proposés aux brebis. Ce type d'élevage est un modèle d'exception.
La laine brute est transformée en fil par la filature de Niaux en Ariège. Située au cœur des Pyrénées Ariégeoises, la filature de Niaux est une entreprise artisanale qui conserve des savoir-faire centenaires. (depuis 1867) C’est un outil unique dans toute l’Occitanie. Elle est un maillon essentiel pour la valorisation des laines locales. Les teintures utilisées parfois sont d'origine végétales.
La laine, est une matière noble et vivante, souvent feutrée pour plus de stabilité, elle trouvera néanmoins son équilibre formel en étant portée.
Du bois au cœur tendre, tel que le sureau noir ou le figuier. Les branches sont glanées au fil des promenades sur le bord des chemins débroussaillés. La moelle contenue au cœur de ces essences, facile à ôter, invite la fabrication des perles et des pendentifs. Ces bois clairs rappellent l'os et l'ivoire et donne à ces créations une esthétique qui rappelle parfois les ornements des "peuples premiers".
Des feuilles d'iris sont cueillies au jardin, lui-même conduit avec tendresse et admiration. Elles sont cueillies à maturité, présentant des couleurs chaudes et dorées ou plus froides, argentées. Elles sont alors séchées. Plus tard dans l'année, elles sont réhumidifiées exposées à l'eau de pluie ou celle de la fontaine pour être travaillées.
Ils s'appellent bijou de hanche, bijou de tête, de bras ou de cou...Ils sont des talismans. Leur fabrication est une méditation.
Ils sont l'expression de la sobriété heureuse que nous avons à habiter aujourd'hui. Ils ne sont pas les parures d'un hier retrouvé mais bien celles des enjeux d'aujourd'hui et de demain.
Bijoux de cou, de poignet, ou de tête, 2021-2022.